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Chronique n°15: All The Boys Love Mandy Lane

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Le slasher est un sous-genre du cinéma d'horreur qui raconte les méfaits d'un tueur, souvent masqué, qui décime un à un, à l'aide d'une arme blanche, les personnages du film, le plus souvent des adolescents. Ce sous genre du cinéma horrifique a connu, durant deux décennies, deux films ayant par la suite engendrés de nombreux ersatz (souvent moins bons) : Halloween de John Carpenter pour les 80's et Scream de Wes Craven pour les 90's. La décennie 2000/2010 n'a pas connu de modèle-slasher à succès, la production horrifique du moment préférant les torture-porn (Saw, Hostel...) et les films de zombies/infectés (L'Armée des morts, 28 jours plus tard...). Et ce n'est pas les remakes de franchises déjà connues qui auraient pu engendrer des nouveaux codes du slasher vu qu'eux-mêmes exploitaient des structures pré-établies et connues. C'est dans ce contexte morose pour le slasher que All the boys love Mandy Lane apparaît comme un objet filmique rafraichissant. Explications.

Le réalisateur Jonathan Levine n'est pas de ces réalisateurs fan de films d'horreur, glissant des références et autres clins d'oeil pour se mettre dans la poche un certains public d'initiés ou pour satisfaire des envies de spectateurs (comme beaucoup trop de réalisateurs de films de genre en France). 
En interview, le cinéaste déclare que le genre n'est pas une fin en soi et qu'il n'est pas non plus un grand fan du cinéma horrifique. Le film est donc vierge de toute influence, du moins dans le slasher, ce qui établit une identité propre à un film faisant partie d'un genre souffrant justement d'une répétition de codes galvaudés. Ainsi, la mécanique du récit habituel à certains slasher-whodunit*, consistant à dévoiler l'identité du tueur au dernier acte, est ici déconstruite en faisant de la révélation (qui d'ailleurs survient très tôt) une simple formalité, celle-ci étant d'ailleurs très claire depuis le début. La déconstruction de certains codes du slasher se prolonge aussi dans l'expostion des personnages et dans leur caractérisation. Le groupe de jeunes exposé est dans un premier temps conforme à certains archétypes du slasher (la bimbo, le loser etc...) pour petit à petit évoluer vers des personnages plus complexes qu'ils ont eu l'air aux premiers abords. De par cette évolution pour le moins originale dans le genre, la bimbo devient ainsi une fille aux complexes multiples, le loser un quasi-héros...etc
On sera juste déçu d'un twist trop prévisible, quand bien même celui-ci serait le plus logique dans la continuité du récit.

http://madmoizelle.com/carnets/horreur/files/2009/09/mandy-lane-movie.jpg


"All the boys..." se démarque aussi dans sa fracture technique.            
Tout d'abord la photographie revêt des teintes très chaudes qui encore une fois démarque le film du slasher habituel se passant de nuit. Les cadrages possèdent un aspect documentaire, pris sur le vif, qui cristallise ainsi chaque moment comme de véritables tranches de vies réalistes, empreints d'une certaine mélancolie. Ce cachet dans la réalisation contribue aussi à magnifier la Mandy Lane du titre, campée par Amber Heard, qui joue un personnage en total décalage avec les gens de son âge, mais sur lequel tout le monde autour d'elle éprouve une sorte d'obsession, parfois malsaine.
La douce mélancolie qui émane de la pellicule est accompagnée de morceaux de musiques pop. Encore une manière de se démarquer des slasher ayant une bande originale majoritairement composés de musique hard-rock voir metal.



Qui dit déconstruction du genre investit ,dit aussi nouvelles thématiques abordées et nouvelles manières de les traiter. Ici les premiers émois durant l'adolescence, les doutes et tout ce qui accompagne cet âge est traité sans cynisme, ni sans cet aspect "donneur de leçon" si chère à certaines productions très populaires.

La déconstruction du genre se fait à chaque niveau de fabrication pour ainsi mieux nous surprendre.

Oubliez les Scream et autres slashers dans lesquels on serait tenté de catégoriser ce film. All the boys love Mandy Lane se situe plus du côté de Elephant de Gus Van Sant et Virgin Suicides de Sofia Coppola. Un slasher qui n'a pas pour modèle d'autres slashers en somme.


* l'identité de l'assassin n'est révélée qu'à la fin, après que plusieurs pistes aient été envisagées par le spectateur.

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