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Chronique n°3: Halloween (2007)

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Remake du classique de John Carpenter, Halloween version Rob Zombie va au delà de la simple relecture. En effet, le film développe dans sa première partie toute une thématique, à peine évoquée dans l'original, à savoir la jeunesse de Michael Myers, boogeyman et icône du slasher dont il est l'une des premières incarnations.
L'enfance de Myers se situait dans le film de 1979 dans un milieu aisé, où le premier meurtre de l'enfant, alors âgé de 6 ans, s'immisçait dans un lieu où il n'aurait, en théorie, pas sa place.
Le remake, lui, campe un jeune Michael Myers (remarquable Daeg Faerch, jeune acteur qui change des "gueules d'anges" courantes à Hollywood) issu d'un environnement white-trash, certes exposé de manière caricaturale, mais extrêmement oppressant  : entre son beau-père alcoolique présumé et colérique, une mère absente et strip-teaseuse et une grande soeur indifférente du sort de son frère, Michael sera profondément marqué par son enfance difficile. Le milieu scolaire ne l'épargnera pas non plus car il subira bizutages et autres moqueries. Le jeune garçon a toute fois en certains points, les marques d'une jeunesse équilibrée, portant un amour inconsidéré pour sa mère ainsi que pour sa petite soeur.
Un cadre qui aura, malgré tout, raison de lui car il accomplira ses premiers meurtres à l'âge de 10 ans, d'abord sur des animaux, puis sur certains membres de sa famille dans une barbarie réaliste et évitant les poncifs gores, saisissantes même dans les coups portés hors-champ. Ces meurtres constitueront le gagne-pain du psychologue suivant l'enfant, Dr Loomis, qui après avoir assisté au mutisme dans lequel s'était enfermé Myers pendant 15 ans, fera des "faits d'armes" de son patient un ouvrage littéraire à succès : cet élément, n'est pas anodin, et au-delà de dévoiler l'opportunisme du Dr Loomis (qui prouve que rares sont les actes totalement désintéressés), se pose en critique du traitement médiatique de certains criminels, bien réels, et dans certains cas de leur sacralisation douteuse ou du mythe qui les entoure.

Le serial-killer qu'il est devenu est donc le fruit d'une société chaotique, qui a perdu ses repères et où la cruauté dont est capable l'Homme peut s'expliquer sans jamais être toutefois approuvée. Myers est donc relativement humanisé, du fait de son background, ce qui valu l'incompréhension de certains fans reprochant l'approche anti-manichéiste appliquée au tueur de Haddonfield et du corps social dans lequel il évolue.


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La deuxième heure du film se révèle moins intéressante, se contentant de copier-coller les scènes de La nuit des masques*, faisant alors de cette deuxième partie du métrage un slasher classique,  avec néanmoins la même maîtrise de mise en scène que Rob Zombie avait fait preuve jusqu'ici. Le réalisateur/scénariste se montre aussi moins à l'aise et parfois maladroit dans le traitement de la classe sociale favorisée dépeinte dans ce chapitre du film. Il fait néanmoins de Laurie Strode, l'héroïne qui aura à en découdre avec Myers devenu adulte, un personnage plus ambigu que l'était Jamie Lee Curtis dans l'original, loin des clichés de la lycéenne en totale décalage avec ses amies.  

Un métrage inégal d'un réalisateur indépendant aux prises avec son studio (une rumeur prétendait à l'époque qu'il aurait lui-même diffusé une copie de travail de son film sur Internet, pendant la phase de post-production),accouchant donc d'une oeuvre "malade", où la mise en scène est néanmoins à la hauteur de la véracité de son propos et qui propose une reconstruction du mythe Myers, et un remake comme on voudrait plus souvent en voir.

*Halloween, la nuit des masques de John Carpenter sorti en 1979 avec Jamie Lee Curtis et Donald Pleasence

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