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Chronique n°6: Reservoir Dogs

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Alors que ses deux derniers films, à savoir Boulevard de la Mort et Inglourious Basterds, montrent que la "recette" Tarantino à base de références cinématographiques plus ou moins biens digérées commencent à s'essouffler, son tout premier métrage prouve le talent d'écriture et de mise en scène de ce réalisateur post-moderne.

Ce film de braquage n'en est pas vraiment un car il s'inscrit  totalement à contre-courant de la majorité des métrages de ce genre. En effet, le braquage en lui-même n'est jamais montré à l'écran et le réalisateur préfère transposer à l'écran la situation dans laquelle se trouvent ses personnages après le casse raté. Le réalisateur s'intéresse donc à cet après-braquage pour montrer que la scène du braquage raté a déjà été vue dans une vingtaine de films et qu'il n'aurait aucun intérêt à en filmer une autre. Les seuls éléments qui nous sont donnés ne sont que des bribes verbales qui nous entraînent dans le chaos que devaient être le braquage et que les gangsters, héros du film, n'ont pas su gérer correctement. Le spectateur est donc lui aussi dans le flou le plus total, tout comme les personnages persuadés qu'un indicateur travaillant pour la police se cache parmi eux.
Tout les éléments qui constitueront le cinéma de Tarantino étaient déjà présents dès son premier film en particulier les dialogues parfaitement écrits et en total décalage avec le genre de discussions qu'on pourrait attendre de gangsters. Ici, les criminels débattent de la signification cachée d'un tube de Madonna dès l'introduction, de l'utilité des pourboires pour les serveuses de café... La rupture avec les anciens films de gangsters s'inscrit surtout dans cet aspect car Tarantino voulait montrer que ce genre de personnages ne parlent pas que de leur "métier" et qu'ils peuvent même se montrer très bavard sur des sujets aussi anodins que la musique. Le futur réalisateur de Pulp Fiction divise son film en plusieurs parties pour narrer la façon dont les personnages se sont retrouvés sur ce "coup" et utilise des transitions entre chacune d'elle comme il le fera pour son film suivant, à savoir des caractères blancs sur fond noir à la manière d'un chapitrage littéraire.



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Dès son premier film, Tarantino démontre son génie de mise en scène. D'un générique orchestrée au ralenti iconique (sur fond de la musique Little Green Bag), de dos d'acteur filmé en gros plan en passant par un hors-champ évocateur, lors d'une scène de torture, rajoutant ainsi plus de sadisme et augmentant l'impact émotionnel suscité chez le spectateur.
La violence chez Tarantino est souvent désamorcé par un autre élément. En effet, dans Reservoir Dogs, la violence est, soit démesurée, comme la flaque de sang surfaite qui sort de la blessure du personnage de Mr Orange, soit montrée hors-champ (l'oreille coupée) ou encore tournée de manière décalée avec cette scène de torture où Mr Blonde inflige des mutilations à un policier, sur une musique dylanesque, tout en effectuant quelques pas de danse. Malgré cela il reste des éléments de violence assez brute, comme la fusillade de Mr White sur deux policiers dans leurs voitures, qui tranche direct avec l'absurde de certaines scènes.
Avec son premier film , Quentin Tarantino s'imposait comme un réalisateur prometteur, représentant parmi d'autres de la pop-culture. Reservoir Dogs annonçait ce qu'allait être Pulp Fiction, qui reprend tous les codes de son prédécesseur avec une ambition plus grande du fait de sa variété plus conséquente de décors et d'acteurs.

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