Pic' du Jour

Pic' du Jour
Pic' du Jour

Chronique n°14: The Thing

By: TwitterButtons.com
By TwitterButtons.com
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=1048.html

En évoquant le cinéma fantastique (dans les deux sens du terme) et les États-Unis, l'un des metteurs en scène qui s'impose tout de suite est John Carpenter. Et c'est avec The Thing qu'il réalise son plus grand chef d'oeuvre (dans une filmographie qui en compte 17, bientôt 18 avec le très attendu The Ward), oeuvre injustement boudée à sa sortie qui aura connue une réhabilitation au cours des années.



The Thing et l'héritage Hawksien concrétisé

John Carpenter a souvent déclaré que c'était des réalisateurs comme Sam Peckinpah ou Howard Hawks qui lui avait donné envie de devenir metteur en scène. Et c'est clairement dans cette lignée de réalisateurs qu'il s'inscrit dès son premier "vrai" long-métrage (son premier dans sa filmographie étant un film de fin d'études) : Assaut, qui rappelle dans son scénario, son unité de lieu et dans sa caractérisation des personnages le Rio Bravo de Howard Hawks. Il en fait donc une sorte de remake urbain déguisé et marque, dès le début de sa carrière, sa filiation avec le réalisateur du Grand Sommeil. C'est donc en 1982, alors qu'il n'a pas encore connu de véritables échecs (comme il en connaîtra quelques-uns par la suite), qu'il a l'occasion de remaker un film, réalisé en sous-main par son "maître spirituel" Hawks : La Chose d'Un Autre Monde de 1951, adapté d'un live de John Campbell. Et c'est en se rapprochant le plus possible du matériau de base que Carpenter réussit son remake du film de Hawks qui n'était "qu'une" bande SF comme il en pululait dans les 50.

http://legion.bombshellstudios.com/images/movies/the_thing2.jpg

La paranoïa du grand Sud

Dès les premières notes de la musique du générique (signée Ennio Morricone mais se rapprochant étrangement des propres compostions de Carpenter) la tension s'installe. Sur quelques notes au synthétiseur et une répétition d'un même motif musical minimaliste mais efficace, Morricone pose une ambiance inquiétante. Et ce que sera tout le film : un film qui aujourd'hui peut paraître classique dans son déroulement mais qui par sa mise en scène (cadrages...) son sound design et ses SFX  qui n'ont pas pris une ride (grâce à Rob Bottin), mais qui constitue aujourd'hui (à l'heure du sur-cut* et du tout numérique) le film "de genre" parfait voir le film parfait tous genre confondu.
Car Carpenter a bien compris que le cinéma était avant tout un art visuel et qu'il fallait instaurer une ambiance et y insérer même des thématiques par le découpage, le cadrage et d'autres constituantes de la mise en scène en priorité sur les dialogues et le scénario.
Mais même de ce côté Carpenter n'a rien délaissé, et on y retrouve beaucoup de caractéristiques de son cinéma : un anti-héros en guise de personnage principal (excellent Kurt Russel qui campe ici un scientifique alcoolique), un quasi huis-clos (comme d'autres de ses films comme Assaut ou Prince des Ténèbres), une paranoïa permanente entre les personnages et une gestion de scènes au rythme lent et d'autres plus spectaculaires.
C'est au compte-goutte que Carpenter nous fait peur en établissant un schéma narratif efficace. D'une scène d'exposition de la base scientifique, décor principal du film, anodine en apparence Carpenter en fait un modèle de présentation des personnages maîtrisé de bout en bout et cela en peu de temps. Rien ne passe par des dialogues mais tout est par l'image d'abord et c'est ce qu'un modèle de cinéma doit proposer. Alternant avec une précision d'orfèvre, scènes de pures épouvantes et scènes plus "sobres" au niveau des SFX, Carpenter construit son film sur un modèle qui sera largement copié par la suite : 3 grandes scènes spectaculaires éparses (une au début, au milieu et à la fin) et entre elles des séquences sans excès visuelles pour les relier.

http://cine-serie-tv.portail.free.fr/actu-cine/04-01-2010/the-thing-la-date-de-tournage-de-la-prequelle-revelee/the-thing-la-date-de-tournage-de-la-prequelle-revelee1.jpg

Il faudrait plus qu'un simple article pour parler de The Thing et on pourrait carrément lui consacrer un dictionnaire entier pour ce film sorti à l'heure où tout le monde voulait de gentils extraterrestres au cinéma (l'effet E.T). Car c'est ça avant tout le cinéma de Carpenter : créer de nouveaux modèles de cinéma et ne jamais soucier des modes.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire