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Chronique n°4: Watchmen, les gardiens

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Comic-book jugé inadaptable, film longtemps resté en development hell, passant entre différentes mains de plusieurs réalisateurs tels que Terry Gilliam ou Paul Greengrass, Watchmen a enfin vu le jour, en 2009, devant la caméra de Zack Snyder qui n'est autre que le réalisateur du sympathique L'armée des morts* ou de 300, adaptation du roman graphique éponyme à l'idéologie douteuse. Snyder ayant orchestré, avec son précédent film, l'un des films les plus rentables du studio Warner depuis longtemps, on lui attribua assez rapidement la lourde tâche d'adapter cet objet de culte, considéré comme le Citizen Kane de la bande dessinée par toute une communauté de fans.
Le comic-book proposait une version alternative de la vision des super-héros, les rendant plus humains, plus ambigus et devant faire face à leurs propres questionnements et à leurs propres peurs. L'action prend place dans un euchronie, une vision alternative de l'histoire en 1985, où les héros costumés (sans réels pouvoirs -sauf pour un seul d'entre eux- ) font partis du quotidien et où la menace d'une guerre atomique plane sur l'humanité : la noirceur du récit s'imposait comme le principal atout d'une adaptation du matériau d'origine, qui se présentait comme une déconstruction du mythe du super-héros et donc comme une réponse aux multiples comic-books portés à l'écran qui sévissent dans la production cinématographique hollywoodienne, à une époque où le genre commence à s'essouffler.

Le résultat s'avère pourtant mitigé. Malgré l'ultime dévouement de Snyder au matériau original dans cette transposition live, certains défauts subsistent.
Des partis pris visuels de Snyder parfois douteux, aux tics de réalisations lassants (le fameux ralenti qui, utilisé de la mauvaise manière, devient énervant mais tout le monde ne peut pas s'appeler John Woo), le film s'avère le pur produit d'un Snyder en roue-libre, qui s'est approprié de manière fâcheuse les personnages de Watchmen.
De héros réellement torturés dans le comic-book à des héros sur grand écran, "tatanant" des prisonniers sur de la musique rock tout en prenant des poses supposées "cool" - un mot très courant dans le vocabulaire de Snyder  - on est bien loin de la fresque qu'on était en droit d'attendre après avoir lu le roman graphique d'Alan Moore.
Certaines séquences s'avèrent longues et fastidieuses dû au simple décalque des cases de la BD, qui n'ont pas les même dynamiques et le même langage qu'un long-métrage.

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Malgré cela, Watchmen se distingue dans la peinture de ces personnages très variés, qui au delà de leur statut de héros présentent des caractéristiques biens humaines comme le doute, la peur ou encore le meurtre. Même des personnages, à première vue, stables psychologiquement, réalisent parfois des actes immoraux, comme c'est le cas pour Rorschach qui après avoir attiré la sympathie du spectateur se montre tout aussi cruels que les personnes qu'il s'est juré de combattre. Tous les vigilantes du film font l'objet d'un revirement de ce type et cela évite de privilégier le récit d'un des héros en les mettant sur le même piédestal. La transposition de cette Amérique encore en pleine guerre froide, chaotique et en pleine remise en cause de sa suprématie militaire, est fidèlement retranscrite avec une photographie du plus effet qui participe à l'aspect sombre déjà présent dans le roman graphique. Les choix musicaux sont pour la majorité d'entre eux assez judicieux et parfois déstabilisant : cela va du simple hommage à Apocalypse Now (avec la chevauchée des Walkyries dans une scène de guerre au Vietnam) au Requiem de Mozart pour un final tout aussi étonnant que cette soundtrack.

De par sa subversion et son côté iconique, et malgré ses gros défauts, Watchmen reste l'une des meilleurs adaptations de comic-books et un des meilleurs films de super-héros (pas si héroïque que ça finalement) au côté de The Dark Knight ou encore Hellboy II.

*Remake, datant de 2004, de Zombie (Dawn of the Dead) réalisé par George A. Romero, 1978

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